Le concile Vatican II a cherché à définir l’Eglise. Il la comprend comme Peuple de Dieu, Corps du Christ ou Temple de l’Esprit par exemple. Ces expressions sont courantes. Une autre l’est moins mais est mentionnée dès l’ouverture de Lumen Gentium, la constitution du concile sur l’Eglise.

La miséricorde : signe du Salut donné par Dieu à l’Homme

Lumen Gentium définit dans son premier paragraphe :

« L’Eglise est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen, de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain. »

L’Eglise est comprise ici comme le sacrement du Salut.

L’enjeu est de traduire cette dernière expression pour le grand public. Le pape François tente de le faire par des expressions telles que hôpital de campagne ou oasis de miséricorde. En quoi la miséricorde peut-elle définir l’Eglise comme sacrement du Salut ?

Exercer la miséricorde en Eglise

L’exercice de la miséricorde en Eglise passe par les œuvres de miséricorde. « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi ! » (Mt 25, 35) A leur lecture on peut comprendre comment la dignité de l’Homme peut être rétablie par un investissement ecclésial de proximité. Aujourd’hui les visites en prison ou en hôpital véhiculent la miséricorde divine.

Il faut en effet ne pas perdre de vue la chose suivante. Malgré le fait que la miséricorde est utilisée par l’Eglise, elle est avant tout une déclinaison de la miséricorde divine, « sa face visible et efficiente » comme l’écrit le cardinal Kasper. Sinon l’Eglise court le risque de politiser la miséricorde. La miséricorde de Dieu est l’expression de son être qui se penche avec bienveillance sur les Hommes et le monde. Il ne s’agit pas de l’aveu de son impuissance face aux souffrances du monde mais au contraire de sa toute-puissance dans le rétablissement de tout Homme dans sa dignité.

Construire un réseau d’oasis de miséricorde

On comprend mieux alors le sens des œuvres de miséricorde. Il s’agit par nos modestes participations de faire passer un rayon d’espérance, un rayon de la miséricorde divine.

Comme le proposait le pape François, tissons, en Eglise et dans le Christ, un réseau d’oasis de miséricorde permettant une proximité avec chaque personne en détresse !

Pour aller plus loin : W.Kasper, La miséricorde, Notion fondamentale de l’Evangile, Clé de la vie chrétienne, 2012

Image : Le Bon Samaritain représenté par Frédéric Ozanam, Crypte de Saint Joseph des Carmes